"Adieu la dyslexie" de Béatrice Sauvageot
- Lily Charlin
- 13 janv. 2018
- 5 min de lecture

J'ai profité de la trêve de Noël pour me reposer d'abord, parce que le mois de décembre a été vraiment chargé, mais aussi, pour lire évidemment. En ce début d'année j'ai donc fait une razzia de livres sur mes sujets de prédilection du moment soit la dyslexie et la précocité. Aujourd'hui je vous parle du livre de Béatrice Sauvageaot la fondatrice de l'association "Puissance Dys" qui étudie les dyslexiques depuis de nombreuses années et qui a fait des découvertes très intéressantes. https://www.puissancedys.org/Home/view/fr/Puissance-Dys.html
Si vous suivez le blog vous savez que ce sujet me touche de très prêt puisque je suis moi-même dyslexique. J'ai été détectée il y a 3 ans et j'ai pu bénéficier d'une rééducation avec un orthophoniste mais ma dyslexie n'est pas "partie" comme par magie. En fait, elle ne partira jamais car on ne guérit pas de la dyslexie. C'est simple, la dyslexie n'est pas une maladie mais une "qualité" si je puis dire ce qu'explique parfaitement l'auteur dans ce livre.

Béatrice a mis au point un alphabet neurologique, rendant la lecture plus facile aux dyslexique. Il faut néanmoins un peu d'entrainement mais en effet je comprends le principe. L'auteur a en effet découvert que les dys parlaient et lisaient un langage commun. Elle a mis à jour qu'ils se comprenaient entre eux.

Elle raconte qu'elle a comprit un jour grâce à la demande d'une enfant. J'ai décidé de vous écrire la suite (extrait): "...Ce jour là, une petite fille m'entraina à part, afin de me dire un secret : "Béa, est ce que tu peux m'écrire ça en français, s'il te plait?" Très fière, elle me tendit une feuille avec des dessins et des mots en majuscules. Je sentais bien qu'il n'était pas question de la décevoir alors je me retirai à l'écart pour examiner son texte. L'expérience m'avait donné certaine habilité dans le déchiffrage et les parents faisaient souvent appel à moi pour comprendre les écrits de leurs enfants. Je lus consciencieusement le titre : CHO DA NANIM. Les assemblages de lettres qui s'étalaient sous mes yeux devaient surement représenter des mots, des idées, des sensations, des images, mais je ne trouvais pas la porte d'entrée de l'épître mystérieuse. J'étais perdue, désarmée. je convoquai tous mes outils "orthophoniques", me repassai le catalogue des erreurs "dys" les plus courantes : confusions sonores (f-v, s-z, ch-j, t-d), spatiales (entre le p, le q et le b) temporelles (m-n), ajouts, omissions, écriture en miroir... Ces petits mots collés, agglutinés, s'égosillaient dans l'espoir d'être entendus. Mais il n'y avait rien à faire, je ne parvenais pas à en dégager la moindre bribe de sens. Tandis que je m'escrimais en vain, un garçon un peu plus âgé entra et me salua. Voyant mon air hagard, il me demanda ce qui n'allait pas. Je lui montrai la feuille en lui expliquant la situation. Il me regarda en haussant les épaules, puis avec un sourire d'une grande tendresse, il suivit la ligne avec son doigt : "Regarde Béatrice, c'est très simple, CHO DA NANIM, ça veut dire : "Je t'aime maman"..." Je n'ai pas compris de moi-même. C'est mon fils ainé, passionné de linguistique qui m'a prononcé ces 3 mots avec un accent très aspiré type américain et j'ai en effet entendu Cho : Je / Dan : t'aime / Nanim : maman. L'auteur explique que les personnes dyslexiques écrivent et parlent avec tous leurs sens (...représenter des mots, des idées, des sensations, des images...) et en effet, quand j'écris je "vois" les images des mots. Pareil quand je parle et quand j'écoute. J'ai toujours un film qui défile... Après cette expérience, Béatrice comprend qu'elle vient de découvrir quelques choses de phénoménales et commence une expérimentation approfondie. Elle va faire un test qui va confirmer ce qu'elle présent. Elle demande a chaque personne d'un groupe de dys d'écrire un poème puis elle mélange toutes les productions et les redistribuent au hasard. Ensuite, il est demandé à chaque personne de lire le texte qu'elle vient de recevoir. Et c'est là qu'elle se rend compte que les dys ont bien moins de problème à lire les écrits d'autres dys. Comme-ci les "fautes" étaient en fait la norme. C'est de là qu'elle va baser tout son travail pour l'élaboration de l'alphabet et de la langue bilexique.

Elle explique que les dyslexiques pensent en rythme et en image (je confirme). Cette langue répond à des facteurs émotionnels, visuels et musicaux particuliers et c'est pour cela qu'un dys peut écrire de 3 façons différentes le même mot dans un texte. Si la sensation qu'il ressent n'est pas là même à chaque fois, alors il y aura 3 orthographes différentes. Je me souviens que ma mère s'arrachait les cheveux. Elle me disait : "mais comment peux-tu connaitre des chansons par coeur et être incapable d'apprendre un poème..." La réponse, je la connais aujourd'hui... La différence c'est le rythme. D'ailleurs, anecdotes intéressante, après avoir été détectée il y a 3 ans, j'ai fait des séances d'orthophonie et c'est également à la même période que j'ai commencé à apprendre la musique, la lecture des notes et à jouer de la flûte traversière. L'orthophoniste a trouvé que je faisais vraiment de très rapides progrès et la prof de flûte à l'époque trouvait elle aussi que je m'en sortais bien. J'ai par la suite trouvé sur le net des thèses portant sur les bienfaits de l'apprentissage de la musique aux dyslexiques. il a été prouvé que les dys qui apprenaient la musique en même temps que leur rééducation orthophonique avaient de meilleurs résultats que les autres. C'est fou mais je suis persuadée que c'est vrai, je l'ai vécu. Enfin elle explique qu'un dys ne fait pas de fautes mais exprime une idée qu'un non-dys ne peut la plupart du temps pas comprendre puisque il est formaté dans les règles et les codes.

Exemples : "Il fait pratiquer sur les patients des points de soudure parce que la soudure permet de fixer deux objets l'un à l'autre. Il les fait entrer en soins attentifs. Là-bas, on veille sur eux. La mers s'écrits avec un "s" parce qu'il y a des vagues..." Ce sont des puissances lexicales (j'adore le terme) Pour ma part après "chaque"... il y a toujours un -s parce que les "objets" ou "personnes" font partis d'un tout. Je confonds en effet de nombreux mots et ça fait bien rire mon mari et mes enfants. Il y en a d'autres que je n'arrive pas à prononcer. Je confonds toujours les "g" et "j", les "p" et "q", les "m" et "n" mais je sais maintenant pourquoi et ma bête noire, les pires sont les "b" et les "d"... berk... Je vous recommande la lecture de ce livre si vous être dys ou parent de dys car il fait du bien.... Un très grand bien et il nous aide à comprendre comment "on marche" :) Et enfin, n'oubliez pas que la dyslexie est un handicap invisible et que la bienveillance est la meilleure amie des dys. Pour finir un petit mot à l'attention des grammar-nazi (si tentait qu'ils aient survécu jusqu'ici sur mon blog), je suis navrée de vous provoquer à chaque plume(s) ;) des décollements de rétines et je vous souhaite, pour cette nouvelle année, de l'ouverture d'esprit... Ca ne pourra pas vous faire de mal c'est presque comme-ci je vous souhaitai une bonne santé... A bientôt
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